Capitaliser sur le changement


Les entreprises s'attendent à un paysage économique radicalement différent en 2021. Il est temps qu'elles commencent à se demander si leurs modèles de financement doivent aussi changer, estime Cédric BIZET Directeur Commercial & Relations Clients d’ABN AMRO Asset Based Finance N.V. France.
Alors que les marchés européens ont fait leurs premiers pas timides depuis la fin du premier confinement, les entreprises qui ont ouvert leurs portes se retrouvent dans un environnement radicalement différent.
Bien que le télétravail reste omniprésent, de nombreuses entreprises sont désireuses de raviver l'énergie et la créativité que la technologie de la vidéoconférence ne permet pas toujours. Certaines organisations – depuis les cabinets de recrutement installés dans des bureaux réduits aux industriels pour lesquels l'optimisation de l'espace est essentielle - sont aux prises avec de nouvelles méthodes de travail.
Les entreprises, par exemple dans le domaine des soins et de la logistique, ont prospéré pendant la Covid-19. D'autres se sont montrées remarquablement capables de faire basculer leurs activités pour relever ces défis sans précédent, souvent en améliorant leurs ventes en ligne, ainsi qu'en adoptant des outils tels que Microsoft Teams et Zoom.
Malgré l'effondrement des revenus de certaines entreprises, les mesures de soutien des gouvernements, allant des dispositifs de chômage partiel aux Prêts Garantis par l’Etat, signifient que de nombreuses entreprises se trouvent dans une situation de trésorerie plus dynamique qu'avant la crise.
Reste à voir, comment le monde va évoluer. Les blocages localisés et la deuxième vague de l’épidémie sont déjà une réalité pour beaucoup en Europe. La distanciation sociale pourrait devenir un élément normal de notre vie quotidienne pendant un certain temps. De même, si l'on en croit les premières indications, les réglementations pourraient être ignorées, ce qui permettrait de maintenir les niveaux d'activité tout en risquant des règles plus draconiennes sur la vie quotidienne.
Qu'est-ce qui n'a pas changé au cours des derniers mois ? L'incertitude demeure le sentiment dominant. Les prévisions ont été pratiquement impossibles compte tenu des caprices du virus, des perceptions de la population et de l'évolution rapide des politiques. Il est clair que les mesures de soutien du gouvernement au titre de la Covid-19 ne dureront pas éternellement ; les remboursements des PGE, entre autres, deviendront exigibles, ce qui créera une pression accrue sur les liquidités.
Le calme avant la tempête
Les entreprises se préparent déjà à une nouvelle vague de difficultés en matière de fonds de roulement. Malheureusement, beaucoup de celles qui ont bénéficié des dispositions de chômage partiel dès le départ se dirigent maintenant vers des licenciements à mesure que ce régime se termine. Les entreprises commencent également à réévaluer leurs besoins en matière de locaux. Certaines évitent les bureaux, d'autres envisagent une réduction de leur surface ou la mise en place de « hotdesking » (qui consiste à partager le même espace de travail entre plusieurs utilisateurs).
Nous voyons des entreprises repenser leurs structures financières et le poids de leurs dettes. La crise de la Covid-19 a révélé à quel point de nombreuses entreprises étaient à la dérive, surendettées et manquaient cruellement de liquidités. Alors que le soutien des gouvernements est assoupli et que la réalité de l'impact économique de la Covid-19 est mise à nu, les entreprises reconsidèrent également leurs sources de financement.
« C'est là que la souplesse des financements adossés (Asset Based Finance = ABF) prend tout son sens. Ces solutions donnent généralement accès à des niveaux de liquidité plus élevés, car les lignes de financements sont adossées sur les actifs de l’entreprise, plutôt que sur les ratios financiers traditionnels. Les financements adossés sont donc particulièrement adaptés pour les entreprises qui traversent une période d'incertitude, notamment parce qu'ils leur donnent la puissance de feu nécessaire pour exploiter les opportunités à court terme et anticiper la reprise en 2021. En effet, lors de l’amélioration des conditions, plus une entreprise vend, plus elle peut générer rapidement des liquidités à partir de ses factures, par exemple, pour soutenir sa croissance. »
Pendant la pandémie, nous nous sommes efforcés d'être aux côtés de nos clients, en mettant à profit notre expérience et nos capacités à aller au-delà du simple financement de balance. Dès les premiers jours de la crise, par exemple, nous avons lancé un groupe de travail sur la pandémie de la Covid-19 dans chacune de nos entités. Les équipes de cette task force intègrent une expertise commerciale et une expertise en matière de risques, et sont habilitées à prendre des décisions de crédit dans des délais rapides.
Quand la rapidité est essentielle
L'un des premiers défis de notre groupe de travail a été de rédiger des formulaires simplifiés pour les chargés de relations - et de réviser nos process afin d'être encore plus réactifs. Cela a permis à la task-force d'examiner et de souscrire plus facilement les décisions de crédit, notamment en proposant des solutions supplémentaires, telles que le financement au-delà des limites accordées par les assureurs crédit (de 20 à 50K€ selon la solution), l’augmentation des quotités de financement ou la prolongation des délais de dé-financement des échus pour certains clients, ce qui leur a donné une bouffée d’oxygène immédiate.
Au delà de certains paiements différés qui arrivent à échéance, il ne faut pas oublier que les PGE accordés par l’état devront être remboursés, ce qui semble susceptible affectera les bilans des entreprises et nuira à leur capacité d’investissement.
A date, il est impossible de juger les effets de la crise liée à la Covid-19. Mais il est évident et urgent de réévaluer les modèles commerciaux et financiers des entreprises. Chez ABN AMRO, nous savons que les entreprises ont besoin d’oxygène pour se développer, créer des opportunités. C’est la raison pour laquelle notre engagement, c’est d’être à leurs côtés en répondant à leurs besoins de trésorerie pour leur survie à court terme ainsi que pour leur réussite à long terme. »